Jour de fête au poolailler ...
Eh oui, dimanche on remet ça.
Chaque fois c'est la même chose. Je me dis plus jamais. Et puis voilà. On remet ça. Et si j'y allais pas ? Si je faisais poole à part ? Si je gardais ma nichée par devers moi et que j'organisais un déjeuner de la mort qui tue genre .. chais pas... jambon/purée/compote par terre dans le salon devant la télé.. (..vision, "je sais papa") ? Un truc bien régressif qui marquerait les esprits. Un truc qui ferait de moi l'héroïne de mes enfants ? Une déesse à vie, indétrônable même par mes futures belle-filles. L'an I de ma rébellion, quarante ans après soixante-huit ... voilà qui aurait de la gueule non ? Si je renonçais à me battre avec ma fermeture éclair, mes collants et mes chaussures à talons de 10 cm ? Si je décrétais la grève du brushing, du Rimmel et du sourire pepsodent qui va avec ? Si je n'habillais pas les enfants ? Si je laissais les smocks, les culottes anglaises et les cols claudine dans les placards ? Si je leur laissait mettre leur tenue d'intérieur bien crade sous leurs manteaux ? Qui le verrait à la messe hein ? Qui ? Il suffit d'aller à la bonne messe, c'est tout. D'éviter soigneusement celle des familles pour lui préférer celle des petits vieux bien myopes, bien sourds, bien branliquotants...
Et si pour une fois je les plantais tous.
Hein ?
Maman survoltée refaisant quinze fois le plan de table, pestant contre papa qui l'encombre (oui, oui, l'encombre) dans la cuisine, les neveux, les nièces toutes jambes et tous bras dehors courant dans tous les sens, hurlant "c'est quand les œufs", l'oncle Charles qui sonne la cloche pour le départ à la messe de ceux qui vont à la SPV sous l'œil goguenard de la tante Marthe post soixante-huitarde qui va à "l'autre" mais à 11h s'il vous plait retardant ainsi le repas d'autant, et plus grave ... le pot ! Ça met papa hors de lui. Ça fait trente ans que ça dure ! Papa qui nous bassine depuis la veille avec sa théorie sur la température à laquelle on doit manger un gigot et qui maugrée de ne pas retrouver son manche en argent que lui seul sait manipuler (il faut dire aussi qu'il ne nous en donne guère l'occasion... pfff les privilèges...), ma sœur cadette qui sait si bien disparaître quand il faut aller chercher les tables de bridge pour mettre le couvert des enfants et mon beau frère deuxième du nom qui arbore un magnifique T shirt "je fais la gueule et alors ?" pour ranger le bois ... Le repas avalé au pas de course car "un gigot ça se mange chaud" (voir supra) et que par principe on ne reste pas plus de trente minutes à table, une heure les jours de fête (reste militaire de papa) et qu'au delà "Françoise, on change de crèmerie" ... On aura quand même sifflé trois quart de bouteille par tête de pipe... en moyenne... on aura parlé politique (erreur), puis de la famille (erreur encore), puis des vrais et des faux (nobles ; erreur, cette année on a invité tante Margot ... elle est d'empire donc vexable) puis des chiens (je préfère les chats) pour finir par le temps (consensus sur le fait que ça caille bordel)
STOP !
Le calvaire c'est avant Pâques. Pas après. Et encore moins le jour même.
Je ne sais pas pour vous mais chez nous dimanche, c'est jambon/purée.
....
Dring
... oui Maman. 10h vous dîtes ?
Nous serons là.